Emblématique d’un territoire, la Vendée, et reflet des évolutions de nos pratiques agricoles, le bocage vendéen a été en partie altéré par des remembrements successifs. Alors même qu’un nombre croissant de paysans, conscients des services qu’il rend, œuvrent à sa réhabilitation par des plantations, le maillage bocager connaît un net recul dans son ensemble. Face au constat d’un besoin de réflexions et d’actions communes pour répondre aux enjeux de biodiversité, un collectif d’acteurs « Bocage et Boisements de Vendée », rassemblant services de l'État, collectivités territoriales et associations, porte un plan d’action décliné autour de la connaissance, de l’expérimentation et de la valorisation de ce patrimoine commun à l’échelle départementale. Façonné par l’élevage bovin, le milieu bocager est fait de bois, de prairies, de ruisseaux, de mares et de chemins. Plongée immersive pour tenter de mieux appréhender cet éco-paysage qui ne représente pas moins de ⅔ du territoire vendéen.
« Quel est le contrat de qualité qu’on se donne collectivement autour du bocage ? » Laurent Desnouhes, directeur du CPIE Sèvre et Bocage
Taillis, plateau, chemin creux, prairie pâturée, coteau, vallée… Pour beaucoup de ceux qui l’habitent, ce paysage est un marqueur par lequel on se définit. Pour en être convaincu, il suffit de traverser une zone artisanale et de jeter un œil aux nombreuses entreprises locales qui s'y identifient dans tous les secteurs d’activités. Une donnée que vient confirmer l’audit patrimonial initié par le collectif Bocage et Boisements de Vendée avec AgroParisTech. Celui-ci rapporte : « qu’au-delà des services agronomiques et écologiques reconnus de la haie, le bocage incarne un support d’activités agricoles, mais aussi un support à d’autres activités économiques, notamment touristiques, et un paysage typique auquel les habitants sont sensibles. » L'enquête identifie un certain nombre de problèmes issus de la dégradation du bocage vendéen : « impacts sur la biodiversité, baisse de la qualité de l’eau, érosion, lessivage des sols, modification du paysage ».
Le maillage bocager vu du ciel par un matin de brume. Ici, La Puchère aux Epesses par Jean-Marie Poirier.
Les premières assises du Bocage Vendéen ont réuni 150 personnes le 6 mars 2025.
Quelles transformations connaît le maillage bocager ? Pour en avoir une idée claire, nous avons toqué à la porte de la LPO. Celle-ci a étudié et cartographié l’évolution de la densité des haies et de leur connectivité en Vendée entre 1950 et 2022. C’est à La Roche-sur-Yon, lové dans un luxuriant vallon entourant un point d’eau, que nous avons pu dresser un état des lieux avec François Varenne, coordinateur. « La densité de bocage au sortir de la Seconde Guerre mondiale était très importante, plus de 200 mètres linéaires par hectare en Vendée. C’étaient des parcelles de moins d’un hectare en moyenne. Depuis 1950, on a perdu 56 % du linéaire de haies, donc plus d’une haie sur deux en Vendée. Cette régression continue, non pas par des remembrements massifs, mais tous les ans, on perd du linéaire de bocage. »
Nicolas Cousineau, rencontre avec un éleveur-acteur de replantations à Mouchamps
Jérôme Charrier a planté 1500 arbres depuis 2020 à Saint-Malo-du-Bois
Crédits photos : Bocage dans la brume : ©Jean-Marie Poirier - Bocage ensoleillé : ©Mickaël Morisot et ©CPIE Sèvre et Bocage - Portraits d'agriculteurs du bocage : Adrien Rondeau