Nous vous emmenons cette semaine à la rencontre de Charlotte et Nicolas Audouin à Saint-Mesmin. Nicolas a opéré un virage dans ses pratiques agricoles en production laitière, il nous livre son expérience... Charlotte, elle, nous explique comment depuis 2013, la ferme cultive et transforme ses céréâles en pâtes, vendues en circuits-courts...
Nicolas, 36 ans, est installé depuis 2006 en production laitière. Il est associé à l’époque à son papa, Jean-Nöel.
Mes parents sont agriculteurs, j’ai toujours été baigné dans cet environnement, je n’ai pas été contraint d’évoluer dans l’agriculture, j’aime être dehors et au contact de la nature. J’ai la chance d’avoir la maison sur l’exploitation, ce qui me permet de profiter de ma famille aussi dans le cadre de mes activités.
Que ce soit au travers de ses études, stages ou chez ses parents, Nicolas a toujours eu une affinité pour l'« élevage intensif ».
J’y croyais dur comme fer. Mon père travaillait à l’époque en ration sèche, nos vaches, ce qui me parait totalement absurde désormais, mangeait pour les trois-quart de leur alimentation, des concentrés que nous achetions. En complément, nous produisions du foin pour suffire à leurs besoins et que les vaches ne soient pas trop en acidose. Nous avons vite perçu les limites de ce système.
L’exploitation va construire dans ces années-là, un nouveau bâtiment et fait aussi l’acquisition d’un robot…
Nous pensions qu’en aménageant l’infrastructure de telle manière, nous pourrions déjà prévoir l’acquisition d’un deuxième robot et doubler le nombre de vaches… pour enfin gagner notre vie !
En fait, plus nous produisions, moins cela marchait. J’avais beaucoup mois de recul à l’époque, j’ai longtemps cherché comment faire des économies, comment faire autrement…
Mon père a ressorti des factures de 1989, le prix des 1000 litres de lait était payé 300 Euros. A 10 Euros près, le même prix qu’à l’heure actuelle, en 2018. Par contre, entre ces 2 périodes, la part des investissements en services, équipements, tout ce qui peut être acheté sur une exploitation a triplé !
On vend un produit pas plus cher, alors que tout nous coûte plus cher à côté. Soit on essaye de produire en retrouvant de l’autonomie, d’autres techniques pour diminuer les coûts, soit on compense par le volume.
" Nicolas Audouin" La ferme des Tulipes à Saint-Mesmin en Vendée !
En 2010, Nicolas essaie alors l’affouragement en vert, technique qui consiste à apporter l'herbe directement dans l'auge des vaches qui n'ont pas la possibilité de pâturer. Mais cela n’est pas concluant, les économies ne sont pas au rendez-vous…
L’année 2013 marque le virage dans l’esprit de Nicolas, l’exploitation s’embourbe dans un modèle intensif que ne permet finalement pas d’être rentable… il est à deux doigts de jeter l’éponge…
Je me suis rapproché de voisins agriculteurs qui sont en bio, et qui font du pâturage depuis plus de 20 ans. En écoutant leurs conseils, nous avons commencé à trouver des améliorations.
Nous avons décidé alors de nous engager dans cette direction, mon père n’était pas convaincu et nous avions une toute petite marge de manœuvre pour nous en sortir.
En 2014, il fait un « pass bio » avec le GAB85. Un appui technique dans les démarches pour faire évoluer leur système de production vers la conversion en agriculture biologique.
La conversion en agriculture biologique peut en effet exiger de profondes modifications techniques, économiques, dans l’organisation du travail et dans la commercialisation. Il s’agit d’acquérir de nouvelles connaissances mais aussi une vision claire des leviers à mettre en œuvre…
Depuis fin 2017, nos terres sont exclusivement bio, on a essayé de mesurer les risques, et nos n’avons pas passé le troupeau dans le même temps, ce n’est que depuis septembre 2017. Nous sommes désormais fier de dire que nous livrons notre lait en bio depuis Mars 2018 !
Des pâtes fabriquées en Vendée ! Epi-Coeur !
Charlotte Audouin !
Epi-Coeur a germé en Octobre 2013, au retour d’un weekend chez des amis en Bretagne, Charlotte et Nicolas lance un projet d’atelier de transformation de céréales en pâtes ! Soucieux de retrouver les saveurs d'antan, ils décident de cultiver des céréales pour fabriquer leurs propres pâtes et farines à partir de blé tendre, épeautre et sarrasin, production exclusive sur le site de la ferme, sans traitement.
L'année dernière, notre production était entre 9 et 10 tonnes de blé transformées en de pâtes. Les grains sont triés, nettoyés et passés au moulin à la pierre de granit du Tarn. Un moulin qui garde les saveurs, les vitamines du blé, et donne une farine fluide, très bonne pour travailler le pain, la pâtisserie.
C'est une farine semi-complète, car l'enveloppe du blé, le son est enlevé et utilisépour l'alimentation de nos vaches.
Le gluten…
On retrouve de plus en plus dans les farines industrielles utilisées dans les boulangeries traditionnelles, des gluten de synthèse, et certaines persones développent des intolérances ou des allergies...
Les clients qui viennent nous voir nous font remarquer qu'il n'ont plus de problèmes de digestion ou d'intolérence en utilisant nos farines et pâtes...
Nicolas et Charlotte écoulent exclusivement par leur choix de distribution, à savoir les Circuits courts de proximité.
Nous souhaitions qu'il n'y ait qu'un seul intermédiaire entre nous et le consommateur. il s'agit d'avoir de meilleurs retours sur nos produits mais aussi de maitriser la chaine de la production à l'assiette...explique Charlotte.
Nous retrouvons ainsi leurs pâtes dans les magasins de producteurs locaux, épiceries fines, certaines ruches (la ruche qui dit oui) mais également des associations permettant des achats groupés de consommateurs, comme l'asso Courtcircuit du côté des Herbiers. Les pâtes sont évidemment en vente dans leur magasin à la ferme !