Quand l’école est finie, ce n’est pas encore les vacances. Fin juillet, dans un coin de campagne du côté d’Apremont, l’école 1,2,3, Colibris redevient un chantier pour quelques semaines. Julien Morit, qui porte ce projet depuis plus quatre ans avec son épouse Hélène, réaménage totalement les deux classes. Ça sent bon le bois sous la lumière qui filtre des larges baies vitrées. Tout doit être impeccable en vue de la rentrée de septembre 2021. La deuxième ! et c’est déjà une belle victoire. La rentrée 2020, au bout d’un long parcours du combattant -construction d’un bâtiment bio-climatique à partir d’une ancienne longère, obtention des autorisations multiples, recrutement d’une équipe- s’est déroulée (presque) comme dans un rêve. Les 31 petits, de 3 à 11 ans, ont vite pris leurs marques et se sont emparés de l’autonomie qu’on leur a offerte.
« Il faut voir, raconte, rayonnante, Ana, l’instit’ de la classe des grands, de 6 à 11 ans, comment ils ne renonceraient pour rien au monde aux deux rendez-vous quotidiens où ce sont eux qui prennent les commandes : la « Météo du coeur », le matin, où chacun évoque son humeur du moment, et le « Quoi de neuf », en milieu de journée, où ils parlent d’un événement de leur quotidien : les cours de guitare qu’un enfant entame et voudrait prolonger ici ou bien ce livre qu’un autre a découvert et souhaite partager. Ils parlent de ce qu’ils veulent, et vraiment, le bonheur, c’est de voir que pas un ne reste en retrait, tous s’expriment. » Ici, les enfants sont au cœur, ils alternent les ateliers qu’ils choisissent en fonction de leurs envies et les activités guidées qui les orientent vers le socle de connaissances requis pour le collège. « Pour moi qui côtoie les enfants au quotidien, ça a été incroyable de voir les enfants s’épanouir au fil de l’année, décrit Julien, sans parler des parents qui nous racontent comment à la maison leurs enfants sont également plus heureux, plus détendus. Là on se dit qu’on a eu raison de se lancer dans ce projet fou. » Et l’Éducation nationale comme le Ministère de l’Intérieur, qui y ont chacun dépêché leurs inspecteurs en cours d’année, ont donné leur feu vert pour poursuivre l’aventure.
>> Un article à retrouver dans notre dossier consacré aux écoles qui imaginent un nouveau modèle éducatif.