« À La Barre-de-monts, sept apprentis redécouvrent les vertus de la maçonnerie en terre crue.
Maïlys patauge dans la boue. En bottes et tenue imperméable, dans le vent et la pluie de ce mois de janvier, la jeune femme veut devenir “maçonne”. Sa matière première : la terre, ressource abondante et infinie à portée de pelle. Elle a déjà appris, en mélangeant cette terre avec du sable et de la paille à fabriquer des briques. Pour malaxer les « lasagnes » où se superposent les ingrédients, c’est un cheval à la lourde foulée qui a fait le travail.
Ce jour-là, c’est la pierre qu’elle taille, lunettes de protection et massette en main, sous l'œil attentif d’une formatrice. II faut ensuite ajuster les morceaux pour démarrer le mur, surveiller le niveau, ôter les gants pour intégrer les plus petits fragments, appliquer un mortier sur la partie haute. Objectif : créer une fondation d’environ 50 cm de haut qui supportera le reste du mur, tout en terre, lui donner des « bottes » pour le garder au sec. Le travail est éprouvant, très physique. « C’est sûr que le soir, je dors bien », sourit Maïlys.
« J’ai travaillé dix ans en agences d’architecture, raconte Maïlys, principalement sur du logement collectif. Au fil du temps, j’ai réalisé que le critère principal était le prix au m2, au détriment du bien-être des habitants et en se souciant à peine de l’impact écologique. Rien que pour utiliser du bois, il fallait se battre. Quant au béton, c’est un coût tellement énorme pour l’environnement. Ce n’était plus possible, je n’étais plus heureuse. Puis je suis devenue maman, il y a eu le confinement, et j’ai franchi le cap, j’ai démissionné. Je voulais faire moins, mais mieux, construire de beaux logements, être fière de ce que je faisais. J’ai quitté la maîtrise d'œuvre pour devenir artisane et j’ai choisi la terre, qui m’a attirée pour ses atouts écologiques, mais aussi pour son esthétique et sa qualité plastique. On peut tout faire avec elle : le sol, les murs, les finitions, et même le plafond en voûte avec des briques. »