Saviez-vous que les ¾ de la surface du département de la Vendée sont constitués de terres agricoles ? Largement de quoi nourrir toutes les âmes qui y vivent nous direz-vous ! Pourtant à l'échelle de notre bassin de vie, plus de 90% de l'alimentation locale est composée de produits agricoles importés, et dans le même temps plus de 90% des produits agricoles locaux sont exportés. Et oui, pour s’adapter à l’ère de la modernité, aux mécaniques de la mondialisation, à l’agro-industrie et surtout à nos modes de consommation, l’agriculture paysanne d’avant 1950 a vécu une profonde mutation. C’est dans un double contexte économique et politique que les paysans sont pour la plupart devenus des agriculteurs modernes, cultivant la terre pour la valoriser économiquement. Ainsi les modèles agricoles se sont spécialisés au dépend des petites fermes diversifiées, les exploitations se sont agrandies quand le nombre d’agriculteurs, lui n’a fait que diminuer, passant de 34.000 en 1988 à environ 6500 en 2020. Les haies et les arbres ont fait les frais du remembrement, et, sous couvert de progrès, l’utilisation d’intrants chimiques s’est généralisée, nous permettant aujourd’hui d’en mesurer les conséquences sanitaires et environnementales. Ce bref constat, peu exhaustif soit-il, permet d’appréhender cette évolution si rapide qui a profondément modifié notre territoire et ses équilibres.
Alors pour nous tourner vers l’avenir et aborder ce sujet essentiel et au cœur des évolutions sociétales, nous ne souhaitons pas alimenter les tensions et crises qui s’intensifient dans une période particulièrement complexe et incertaine pour tous les acteurs concernés. Non, c’est sous l’angle de la santé du territoire et de ses habitants que nous avons souhaité explorer ce sujet. Questionnant les liens directs entre nos habitudes alimentaires et les évolutions agricoles locales, comment celles-ci impactent l’installation paysanne, le lien social, la qualité des sols, de l’eau, notre propre santé, celle du territoire, mais aussi le transport, l’énergie, la biodiversité, bref, l’ensemble du vivant. Nous vous proposons de découvrir comment se manifestent concrètement ces nouvelles aspirations agricoles aux quatre coins du territoire, en partant à la rencontre d’un campus innovant dédié au maraîchage Cultive à Montaigu, de paysans de nature dans le marais breton, de porteurs de projets en installation paysanne et bien d’autres acteurs engagés, des agriculteurs qui s’identifient eux-mêmes comme paysans, favorisant la transmission, aux générations futures, d’un patrimoine commun. Ils continuent à habiter autrement l’espace et le temps, cherchant à préserver les équilibres du vivant. Belle exploration.