Elle coule toujours dans nos ruisseaux, les décors dans lesquelles s'inscrivent nos rivières ne semblent changer sous nos yeux de passants, occasionnels, et pourtant...
L'état de nos cours d'eaux est très alarmant. Nous sommes allés à la rencontre de l'association Terres et Rivières à Saint-Laurent-sur-Sèvre afin de mieux appréhender les enjeux autour de l'eau en Vendée, et quelles peuvent être les solutions pour améliorer cette situation.
En 2013 aucun cours d'eau vendéen n'était en bon état écologique sauf un ruisseau nommé "le fossé de chalon". Les autres étaient tous en mauvais état vis à vis de la loi sur l'eau, la LMA, et de la directive européenne sur l'eau, la DCE. La Vendée est le département le plus sinistré du bassin Loire-Bretagne. Les Pays de Loire sont la plus mauvaise partie du bassin du fait qu'ils soient en aval de la plupart de ces bassins et récupèrent donc en plus de leur pollution, la pollution s'écoulant de la partie Bretagne plus en amont. nous prévient d'entrée Jacques Jutel, président de l'association.
Le dernier rapport de l'agence régionale de l'eau de 2016, montre que la situation ne s'est pas améliorée, seulement 1% des cours d'eau et des nappes phréatiques sont en "bon état" en Vendéee et 2% en Loire-Atlantique.
Mieux connaître notre environnement, le comprendre et le protéger, ce sont les missions que se donnent l'association Terres & Rivières. Née en 2010, elle compte à ce jour plus de 500 adhérents, et s'active majoritairement sur le sud des Pays de Loire, dans le Pays de Retz et en Vendée.
L'émergence de notre collectif a été étroitement lié à des mobilisations citoyennes vis à vis de projets locaux qui ne répondaient pas, selon nous, à la préservation de la biodiversité et de notre milieu naturel. Ce fut notamment le refus d'un projet d’incinérateur à Grosbreuil près des Sables d'Olonne qui avait fédéré alors plusieurs milliers de personnes permettant ainsi l'abondon du projet.
Nous avons ensuite été sollicités sur l'affaire de la maternité porcine et porcherie de Poiroux, un projet qui lui, a abouti malgré une bataille jusqu'en 2013. C'est au moment de ces différents dossiers que notre association a été fondée, pour rassembler des personnes partageants des valeurs communes.
Terres et Rivières a une philosophie de réseaux, elle se relie régulièrement avec des associations comme la LPO, la FEVE ou encore France Nature Environnement par exemple. Le nom Terres et Rivières est une référence à l'association Eaux et Rivières de Bretagne dont Jacques Juttel est aussi membre depuis 1972.
Pollution des cours d'eau et rivières en Vendée. Entretien avec Jacques Jutel (Asso Terres & Rivières).
La région des Pays de la Loire est l'une des plus impactée par la pollution des cours d'eau. Deux critères définissent une eau en bon état écologique, un critère chimique et un critère biologique.
Le critère chimique est le pourcentage de certains produits chimiques dans l'eau (métaux lourds, minéraux ou pesticides par exemple...) et le critères biologique est la propreté par rapport à la population vivant proche du cours d'eau. L'association utilise les analyses scientifiques officielles. En effet, les scientifiques français font toutes les analyses et connaissent bien la situation cependant il y a un réel problème au niveau de sa médiatisation. En cause le fait que les sujets soient polémiques politiquement, de plus il y a un réel problème de prise de conscience populaire autour de la gravité de la pollution de l'eau.
Le 14 Avril prochain, une journée de sensibilisation et de mobilisation est organisée en Vendée. Plus précisément à Saint-Vincent-sur-Graon, ou se situe le seul cours d’eau en bon état écologique de Vendée. Il s’agit de mieux comprendre qu’est ce qu’un état "médiocre ou mauvais", quelles sont les origines des pollutions, comment partager l’eau, cette ressource rare, et si précieuse. C'est aussi l'impact sur le coût du traitement de l’eau pour la collectivité, et pour les citoyens...
Le collectif organisateur dont fait partie l'association Terres et Rivières, souhaite faire émerger une agriculture à taille humaine, respectueuse de l’environnement, sans risque pour la santé. En ce sens, ils encouragent les décideurs et organismes publics d’encadrer le secteur agricole pour permettre le développement d’une autre agriculture.
Sur les factures d’eau potable, le coût lié aux seules pollution agricoles est estimé en France à 1.5 milliards d’euros (Ministère de l’écologie). Soit pour certains secteurs pollués, 494 Euros par an et par foyer. S’ajoute le coût global des impacts et traitements du flux des nitrates et pesticides estimé entre 50 et 90 milliards d’euros par an.
Il est très important de se mobiliser pour exiger une réduction des pollutions à la source, et un moratoire sur la création et l’extension des « fermes usines ».
Entretien avec Jacques Jutel (Asso Terres & Rivières)
Prendre conscience de l'état de la pollution de nos rivières.
Arrêter de polluer serait la première chose à faire, or les autorisations pour l'installation de nouveaux élevages industriels sont toujours d'actualité. Il faudrait également interdire les installations polluantes dans les endroits qui sont les plus risqués (défini en fonction de l'état des lieux de la terre de l'état du réseau hydraulique). L'association a voulu faire un moratoire et a écrit au préfet de région pour cela mais sans succès.
Ainsi il y a notamment plus de 1200 élevages industriels de volailles en Vendée dont le but est d'exporter massivement. La Vendée est en surplus de sa capacité réelle d'élevage. Ce sont les conséquences de l'industrialisation.
De nombreux projets favorisant l'agriculture biologique, excempt de pesticides et le commerce local, via les circuits-courts, émergent en Vendée. Ce sont par exemple les épiceries associatives, magasins à la ferme ou encore l'idée de supermarché coopératif aux Herbiers.
Nos actes de consommations ont des répercussions sur le modèle économique dans lequel nous évolutions, de part des changements de pratiques d'achats et habitudes alimentaires, nous avons donc bien les moyens d'agir, tels des Colibris qui font leur part, car ne soyons pas dupes, les initiatives de ce genre restent marginales face à la puissance de la grande distribution et des marchés d'exportation préservant ce modèle d'agriculture intensive et polluante...
Imaginez un pays où chacun mange sainement, avec une eau de qualité, un usage réduit des pesticides, des émissions de gaz à effet de serre divisées par quatre... Science fiction ?
Pour le moment, sans aucun doute. Mais en 2050, pas forcément, si l’on en croit Afterres, un scénario d’utilisation des terres agricoles résolument novateur, imaginé par l’association Solagro, et actuellement à l’étude dans plusieurs régions de France. En modélisant les besoins alimentaires et les pratiques agricoles, Afterres dessine un autre paysage agricole français pour 2050. Et les changements nécessaires pour y parvenir.
Il s'agit de répondre aux enjeux énergétiques et alimentaires qui s’annoncent car nous serons près de 70 millions d’habitants en 2050...
L'organisme Solagro montre d’autres voies pour l’agriculture, l’énergie et l’environnement afin d’assurer une gestion plus durable des ressources naturelles. C’est ainsi qu’au travers d’études techniques et d’évaluations, il s’attache à la valorisation d’un modèle énergétique durable (biogaz, biomasse, solaire) et à la défense d’une production agricole plus soutenable (pratiques agroécologiques, agroforesterie, réduction des pesticides, etc.).
Evidemment, la question de l'eau montre la gravité de la situation et la réalité du contexte dans lequel nous évoluons... oui, nous avons largement dépassé certaines limites dans nos pratiques humaines et n'avons pas tenu compte des répercussions sur notre propre environnement. Il va s'agir là, de montrer qu'un autre modèle agricole est possible, soucieux d'adapter ses méthodes et, en respectant la terre et le monde vivant dans lequel nous évoluons. Ces changements sont intimement liés au décisions et politiques locales qui seront menées, en faveur d'une transition écologique sur notre territoire.
Nous avons évidemment, en tant que citoyens-consommateurs, notre rôle à jouer dans cette transition...
Guillaume NOET / Frédéric DAVID