« Et si nos campagnes constituaient un terreau fertile pour faire émerger une nouvelle manière d’être au monde ? » Cette idée, c’est Valérie Jousseaume qui la porte. Chercheuse à l'Institut de géographie et d'aménagement de l'université de Nantes, au sein de l'équipe CNRS « Espaces et Sociétés », elle propose un récit inspirant pour guider nos transitions locales.
Si Valérie a accepté de s’installer dans le Fauteuil jaune de Demain-Vendée, c’est qu’elle aime transmettre son regard pour « apporter une vision utopique d’un futur qui n’est pas encore advenu ». Dans son dernier ouvrage Plouc Pride, elle réalise un état des lieux et remet la campagne en perspective. Elle interroge le rôle et les atouts des territoires dans la transition sociétale. Et, surtout, elle redonne aux ruraux une place d’acteurs dans ce changement de civilisation en cours. « Beaucoup pensent qu’aménager le territoire signifie équiper le territoire. Mais aménager, c’est beaucoup plus que cela. Aménager c’est matérialiser notre culture, notre façon d’être au monde ».
Pour Valérie, nous vivons une grande transition anthropologique. « Nous sommes dans une phase de grand réveil. La plupart des gens commencent à se dire que le récit d’un monde hyper moderne, artificiel et virtuel est dystopique. » Selon elle, l’épicentre de la culture moderne, c’est le mental et la matérialité. « On peut dire que notre société moderne est une grande usine à produire et à consommer qui, pour beaucoup, n’a pas de sens. L’idée qu’on puisse aller encore plus loin et plus vite nous mène tout droit vers un effondrement écologique. La marchandisation de tout, y compris de la santé, de l’éducation et même des relations amoureuses est également un effondrement éthique. La révolution numérique a aussi profondément transformé notre relation à l’espace-temps, à la terre et même au sens de la vie. »