« Comment rendre la biodiversité plus populaire et attrayante vis-à-vis du grand public ? », telle était la question qui réunissait les différents acteurs de l’EEDD jeudi 27 septembre au Centre Beautour. Une journée de rencontre et d’échanges organisée dans le cadre du réseau GRAINE (Groupement Régional d’Animation et d’Information à la Nature et à l’Environnement), par l’intermédiaire de la Ligue de l’Enseignement 85 (Fédération des Œuvres Laïques de la Vendée).
La journée se déroule au Centre Beautour, centre régional de découverte de la biodiversité en Pays de la Loire. En arrivant sur place, on est impressionné par l’immense extension architecturale entièrement recouverte de chaume, accolée à la maison de Georges Durand, naturaliste vendéen passionné, et disposée au milieu d’un domaine de 8 hectares rempli d’un labyrinthe des saules, de clos des insectes et de mares pédagogiques.
Le centre Beautour a été inauguré en 2013, conçu comme un outil pour stopper la perte de la biodiversité. Lieu de laboratoire et de recherche pour comprendre ; lieu pour agir et imaginer le monde de demain, à la croisée entre les différentes pratiques humaines (agriculture, transport, industrie) ; enfin, lieu de médiation, d’animation et d’éducation à l’environnement, pour transmettre. Depuis juin 2018, en attente de son transfert à La Roche Agglo, le site est fermé au public et l’avenir du site incertain.
"Biodiversité" Un faux procès pour un vrai débat au centre Beautour !
Pour lancer la thématique, les organisateurs ont imaginé faire un Procès de la biodiversité. Une animation qui se décline sur toute la journée, depuis le plaidoyer jusqu’au verdict. Sur l’estrade, juge en robe rouge et avocats de noir vêtus s’affrontent avec éloquence : « Faut-il rendre la biodiversité attrayante ? » S’ensuivent des ateliers et des forums pour approfondir la thématique.
Derrière ce faux procès, un vrai débat pour les professionnels réunis là : A l’heure de la sixième extinction de masse, comment faire pour rendre la biodiversité plus attractive ? Faut-il la rendre plus attrayante, mignonne ? Et comment ? Comment rendre le sujet plus audible, comment toucher davantage de gens ? Comment sensibiliser plus massivement ?
Des questionnements depuis longtemps partagés par les autres acteurs et militants de la transition écologique et sociétale, du climat, de l’agriculture bio comme des opposants au nucléaire : comment rendre sexy un message (parfois) anxiogène ?
Effectivement, comme l’énonce l’un des intervenants, la biodiversité, ce n’est pas toujours très vendeur, avec ses tritons, ses araignées et autres bestioles rampantes et bourdonnantes. Et pourtant, à quel point elle est nécessaire ! C’est là le premier danger relevé : rendre la biodiversité seulement divertissante, « attrayante », n’est-ce pas la condamner à l’esthétique, à la futilité, et donc à l’accessoire (à ce que l’on pourra sabrer à la première baisse budgétaire) ?
Faut-il utiliser les techniques du marketing - qui ont fait leurs preuves - à base de storytelling, d’émotions et de belles images, au risque de la rabaisser au rang de vulgaire marchandise ? S’agit-il seulement d’un problème de communication ?
Les participants pointent un enjeu : rendre à la biodiversité sa valeur universelle : celle d’être un bien commun, appartenant à tous, au même titre que l’eau ou l’air.
Comment ? En donnant à voir, sentir, toucher la biodiversité pour se reconnecter à la nature. La rendre tangible et concrète, et plus seulement cette entité abstraite qu’il faudrait préserver à l’autre bout du globe, la forêt amazonienne ou le panda en Chine. Tous s’accordent à le dire : il faut dépasser l’entre-soi et rendre la biodiversité nécessaire, au quotidien.
Centre Beautour : Espace dédié à la biodiversité !
Ateliers et forums pour la question de la Biodiversité !
Une évidence pour ces animateurs qui la chérissent, qui la pratiquent et l’observent au quotidien, qui en connaissent la valeur et les bienfaits. Plus difficile pour des nouvelles générations qui en sont coupées, déconnectées. On parle de « nature deficit disorder » : le problème de déficit de nature. Une nature devenue peu à peu lointaine, étrangère, voire hostile. Les enfants d’aujourd’hui, en ville, ne jouent pas dans les champs, ni dans les bois.
Comment, alors, être attaché à la nature, vouloir la protéger alors qu’on ne la connaît pas, ou mal ? Un autre intervenant évoque une étude : la nature et la biodiversité ont peu à peu déserté les Walt Disney en 70 ans, réduisant peu à peu donc l’imaginaire collectif des enfants.
Dès lors, le rôle des animateurs-nature devient essentiel et l’éducation à l’environnement vitale : vital d’enfiler ses bottes et de patauger au bord des rivières, vital d’observer les petites bêtes dans les hautes herbes, vital de parcourir les sous-bois à la recherche de champignons, vital de s’émerveiller devant une libellule ou un crapaud.
Et vital de continuer à préserver la biodiversité en dénonçant les mauvaises pratiques, à commencer par les pesticides de synthèse. Demain-Vendée vous invite à signer l’appel de Fabrice Nicolino pour l’interdiction de ces derniers : « Nous voulons des coquelicots » : https://nousvoulonsdescoquelicots.org/
Pour aller plus loin :
Il est encore temps de rejoindre un club Comprendre et Protéger la Nature
D’aller voir les actions portées par la LPO Vendée
De rencontrer La Cicadelle
De visiter le CPIE Sèvre et Bocage
De vous former au Lycée Nature
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