Le 4 décembre dernier, une poignée d’entreprises, dirigeants, responsables RH, Hygiène et Sécurité ou RSE étaient rassemblés à l’Usine Tribu Créative, dans la zone d’activité du Point du Jour à Boufféré, pour célébrer la naissance d’un nouveau réseau d’entreprises : ESSOR Vendée. Réunis autour d’une ambition partagée : créer un éco-réseau local pour répondre aux défis environnementaux, économiques et sociaux. Dans ces statuts (associatifs), le réseau annonce la couleur : participer à l’essor de la Responsabilité Sociétale des Entreprise, de l’économie sociale et solidaire et de l’écologie industrielle territoriale, en faisant émerger des circuits courts économiques et solidaires, de l’emploi et de l’économie locale.
À l’initiative du réseau, Matthias Hincourt (My Happy Conciergerie) et Pierre-Hugues Chevalier (Vinibee) ont réussi à fédérer une dizaine d’entreprises adhérentes, toutes installées sur la zone d’activité du Point du Jour, en périphérie de Montaigu-Vendée, au-delà de la gare de péage de Boufféré. Variées en taille et en domaine d’activités, depuis la confiserie Bonté-Pinson, PME de 26 salariés à LIGIER Group, grande entreprise de construction de voitures sans permis, qui compte près de 400 salariés, en passant par Clean Cells, Havea ou Novatics, les motivations des structures diffèrent elles aussi. Engagées depuis plus ou moins longtemps dans les problématiques de responsabilité sociétale des entreprises, soucieuses de leur image de marque ou de la qualité de vie au travail ou désireuses de limiter l’impact de leur production sur l’environnement proche, elles espèrent partager, à travers ce nouveau réseau, leurs problématiques et questionnements.
Implantées depuis une vingtaine d’années pour certaines, les entreprises avouent ne pas ou peu se connaître, et voient en premier lieu dans ce réseau l’opportunité de faire la connaissance de leurs voisins de zone. Une interconnaissance souvent préalable et nécessaire à une mise en action. En comparaison à Ruptur, autre réseau d’entreprises « responsables » ou « durables », ESSOR mise sur l’échelle locale et la proximité, plus facilement mobilisable et agile. Matthias Hincourt explique qu’il s’agit de « transformer localement », en agissant déjà à l’échelle d’une zone d’activités, avec un bassin d’entreprises suffisant.
La RSE, ou Responsabilité Sociétale des Entreprises, est un joyeux fourre-tout qui incite les entreprises à se soucier davantage de leur impact social, environnemental, éthique, dans leurs activités. Sur la base du volontariat pour les entreprises de moins de 500 salariés, c’est pourtant cette question qui a motivé certaines entreprises à rejoindre le réseau ESSOR, désireuses d’y trouver échanges de bonnes pratiques et serrage de coudes. Matthieu Mourette, du groupe HAVEA, explique :
«Nous avons des initiatives en interne mais il y existe une vraie complexité à les mettre en œuvre seuls ».
Un rôle de facilitateur et de coopération que souhaite endosser le réseau à l’avenir. Même constat chez Christine Fonteneau, de l’entreprise Brioches Fonteneau :
« La notion de RSE est très présente dans l’entreprise, alors qu’elle n’existait pas il y a 5-6 ans. Nous avons besoin d‘avancer ensemble, on ne peut plus rester cloisonnés ».
Au-delà d’une ambition « marketing » verte ou éthique, les adhérents du réseau observent les avancées d’une société qui se questionne sur le sens de ses activités. Attentes des salariés, exigences des nouveaux entrants sur le marché du travail ou réelle prise de conscience des dirigeants, l’entreprise entrerait-elle elle-aussi en quête de sens ? De plus en plus, aspirations et convictions individuelles et particulières acquièrent une résonnance au sein de l’entreprise, avec l’idée que l’entreprise doive prendre en charge son impact global. Comme en témoignent les dirigeants :
« On a forcément un rôle à jouer en tant qu’entreprise » et « nous devons essayer d’être inspirant pour notre secteur ».
Au sein du réseau, l’ambition est donnée : « agir plutôt que communiquer », et « apprendre en marchant ». Une démarche expérimentale portée par les entreprises, pour qui l’innovation est un ingrédient constitutif et nécessaire.
Au carrefour de plusieurs aires d’influence économiques et commerciales, en concurrence directe avec les zones d’activités et les bassins de vie de La Roche ou Nantes, c’est aussi l’attractivité des entreprises qui est en jeu. Dès les premières rencontres, les enjeux d’accessibilité et de mobilité (distance de la gare) ont été identifiés. En lien avec la collectivité Terres de Montaigu, ESSOR a sollicité l’adhésion à Ouest Go, réseau de covoiturage de proximité dédié aux déplacements domicile-travail ! Être force de proposition et d’interpellation, c’est aussi l’ambition d’ESSOR en passant du lien individuel aux développeurs économiques et à la collectivité à une démarche plus collective et concertée. Les futurs enjeux à traiter seront choisis collectivement par les adhérents, mais de nombreux possibles sont à imaginer : gestion des déchets, entretien des espaces verts, achat d’énergie verte, aménagement de la zone, …
Dans la lignée de l’écologie industrielle et territoriale, les entreprises commencent à prendre conscience qu’elles peuvent coopérer au-delà de traditionnelles questions de réseautage et de business, pour l’intérêt de leurs affaires… et du reste du monde ?