C’est dans son atelier « Les Réparables » aux Essarts que Blandine, couturière passionnée et responsable, œuvre pour prolonger la durée de vie de nos vêtements apportant ainsi sa pierre à l’édifice dans la transition du secteur de l’habillement. Bien que se vêtir fasse partie de nos besoins essentiels, cet acte de confort a pris aujourd’hui une ampleur tout autre dans notre quotidien s’en référant à l’image que nous véhiculons. Dans nos sociétés adeptes du changement, nous achetons 2 fois plus d’habits qu’il y a 15 ans et nous les conservons moins longtemps*. Consommateur d’eau, d’énergies fossiles et de produits chimiques, émetteur de gaz à effets de serre, et contribuant à la pollution des eaux: l'habillement est un des secteurs les plus polluants au monde. Il semblerait que notre besoin de nouveauté et notre passion pour le shopping coûtent cher à la planète.
La couture, pour Blandine, c’est une vocation, une évidence depuis l’enfance: « Ce qui me plaît c’est la matière, faire quelque chose de mes mains, transformer ». Elle fait ses études dans les métiers de la mode puis se lance dans la carrière dont elle a toujours rêvée. Mais, après plusieurs années à travailler pour des façonniers haut de gamme, les dérives de cette industrie l’interpellent : surconsommation, empreinte écologique, perte de savoir-faire. « Mon métier n’était plus en cohérence avec mes valeurs ». Elle commence alors à s’interroger sur la notion de sens. « Je voulais continuer à faire le métier que j’aime tant mais différemment ». L’idée lui est venue lors d’un évènement organisé par une marque de prêt-à-porter pour sensibiliser les consommateurs à la réparation. A cette occasion, Blandine est sollicitée pour mettre ses doigts de fée à l’œuvre afin de réparer les vêtements abîmés apportés par les clients. « Quand j’ai vu à quel point ça avait du sens, je me suis dit : c’est ça qu’il faut faire ! Il faut repenser l’approche et intégrer la réparation au produit »
Remettre la réparation au goût du jour pour prolonger la durée de vie de nos vêtements, une démarche qui, certes, n’est pas révolutionnaire mais chargée de bon sens. « La réparation existe depuis toujours mais a été un peu oubliée ces dernières décennies ». Nous avons été trop habitués à jeter.
« Ce qui me plaît dans la réparation, c’est le challenge. Intellectuellement et techniquement parlant c’est très riche ! A chaque fois, il faut réfléchir pour trouver la meilleure solution, la plus invisible possible en partant de l’existant »
Blandine veut faire bouger les lignes de manière globale en proposant ses services à tous les publics « Je ne voulais pas faire de choix dans mes cibles car la prise de conscience doit s’effectuer à tous les niveaux de la marque aux consommateurs ». Pour rendre plus accessible la réparation aux particuliers, elle a créé une plateforme digitale avec un outil pour permettre de calculer instantanément le coût de la réparation. Le client règle en ligne et envoie son colis avec le vêtement concerné à l’atelier pour que Blandine le répare et lui retourne presque comme neuf.